Faut-il faire une école de journalisme pour être journaliste ?

16 septembre 2024
Formation

Le monde du journalisme évolue rapidement, et avec lui, la question des études de journalisme se pose … Faut-il prendre la voie royale mais sélective des écoles reconnues ? Le chemin incertain mais libre de l’indépendance ? Ou l’équilibre, des études variées, de littérature, d’histoire, des sciences-politiques ? Entre expériences, compétences et marché du travail, la question est loin d’être tranchée …

Faut-il faire une école de journalisme pour être journaliste ?

École reconnue ?

D’abord, qu’est-ce qu’une école reconnue. Aujourd’hui en France, cette reconnaissance est souvent accordée par la Commission Paritaire Nationale de l'Emploi des Journalistes (CPNEJ), qui évalue la crédibilité des programmes et des parcours de formations selon de nombreux critères. Parmi eux, on retrouve notamment :

Des programmes complets et actualisés : Les écoles reconnues proposent des cursus couvrant tous les aspects du journalisme : l'éthique, la déontologie, la rédaction, le reportage, l'investigation, et les nouvelles technologies de l'information.

Des stages et des partenariats : Elles ont souvent des partenariats avec des médias de renom, permettant aux étudiants de réaliser des stages pratiques dans des rédactions prestigieuses.

Un corps professoral qualifié : Les enseignants sont généralement des professionnels du secteur.

un réseau professionnel : Les écoles reconnues disposent de réseaux d'anciens élèves et de contacts dans cette profession, ce qui facilite l’insertion des diplômés.

Cette reconnaissance est donc un gage de qualité et offre un premier socle de compétence solide pour rentrer dans le monde des médias. Cependant, ces écoles reconnues accusent certains freins et contraintes pour les étudiants. Les places sont réduites et la concurrence pour y accéder est rude. L’année d’études est souvent chère, dans des villes où le coût de la vie est onéreux. De plus, les postes visés par ces écoles sont prestigieux, et n'attestent pas du panel d’emploi qui existe en tant que journaliste. Les écoles de journalisme non reconnues entrent alors en jeu. Moins sélectives mais tout aussi exigeantes, les autres écoles offrent plus de possibilités de projets de carrière. En se concentrant sur un aspect plus local, elles permettent aux étudiants de se former aux réalités du terrain et d'acquérir des compétences plus polyvalentes. Ces écoles favorisent souvent une approche pratique et immédiate du métier, avec des stages plus accessibles et un réseau de proximité qui peut faciliter l'insertion professionnelle. Bien que leur absence de reconnaissance puisse être perçue comme un désavantage, elles n'en demeurent pas moins une alternative crédible pour ceux qui souhaitent s'engager dans le journalisme sans subir les contraintes financières et académiques des écoles reconnues. D’autant plus que ces écoles peuvent offrir les mêmes avantages que les écoles reconnues : des programmes d’apprentissages complets, des partenariats avec les acteurs locaux, un corps professoral expérimenté et un réseau de qualité.

Les alternatives : formations diverses et autodidactes

Devenir journaliste sans passer par ces écoles est tout à fait possible. En 2022, environ 30% des journalistes en activité en France n’ont pas suivi de formation dans une école de journalisme. Beaucoup optent pour des études en sciences politiques, en histoire ou en lettres avant de se spécialiser via des stages ou des expériences professionnelles. Dans un secteur en constante mutation, les compétences et l'expérience priment souvent sur le diplôme. La maîtrise des outils numériques, la capacité à produire du contenu multimédia et à s’adapter aux nouvelles plateformes sont des compétences recherchées par les rédactions modernes. En 2023, une enquête menée par l’Association de la Presse Électronique (APE) révèle que 45% des rédacteurs en chef privilégient les candidats ayant une forte présence en ligne et des compétences en gestion de réseaux sociaux, parfois même au détriment d’un diplôme prestigieux.

Les réalités du marché du travail

Le marché du travail pour les journalistes est compétitif et exigeant. En 2023, le taux de chômage dans le secteur s’élève à 10%, une statistique qui pousse de nombreux aspirants journalistes à diversifier leurs compétences. Les pigistes et les freelances constituent une part croissante de la profession, représentant 35% des journalistes en activité. La polyvalence et la capacité à se vendre sont devenues des atouts indispensables.

Le verdict : une réponse nuancée

Alors, faut-il faire une école de journalisme reconnue pour devenir journaliste ? La réponse dépend en grande partie de l’individu. Pour ceux qui recherchent une formation structurée, des opportunités de stage prestigieuses et un réseau solide, ces écoles offrent des avantages indéniables. Cependant, pour ceux qui préfèrent une approche plus flexible et autodidacte, d’autres chemins peuvent mener au succès dans cette profession passionnante.

En fin de compte, le journalisme reste un domaine où la passion, la curiosité, et la détermination sont tout aussi importantes que le parcours académique. Que l'on sorte d'une école prestigieuse ou que l'on se forge sa propre voie, l'essentiel est de respecter l’éthique, l’engagement et la créativité de la profession.